En route pour Tsuruoka par la ligne Niitsu qui longe la mer. A l’arrivée à la gare, le comité d’accueil de l’office du tourisme m’offre une portion de gâteau gélifié surprenant mais très bon. Sac à dos casé dans la consigne et munie de tous les conseils utiles, je pars en bus explorer l’aquarium et sa collection unique de 50 variété de méduses …
Tellement unique et splendide que j’oublie l’heure et rate mon bus de retour … mais l’efficacité japonaise se met en branle et un taxi me permet d’arriver in extremis ! sans l’engagement conjugué de toutes ces personnes j’aurai raté mon bus pour la pension Tamonkan, au pied de la montagne sacrée du Mont Haguro.
au sommet du Mt Haguro, le torii qui marque l’entrée dans le monde du divin au complexe bouddhique
la pagode à 5 étages au pied de la montagne
Une expérience hors du temps que ces 2 nuits dans la montagne, seule dans la guesthouse mais choyée par le propriétaire qui va m’emmener en voiture au complexe bouddhique au sommet du Mt Haguro : il neige beaucoup et les 2248 marches seraient un peu glissantes malgré mes crampons (que je vais d’ailleurs oublier dans le bus). C’est sa mère de 85 ans qui m’a préparé dîners et petits déjeuner dans la pure tradition familiale : tempura, algues, omelette, poisson cuit, cru, légumes crus, cuits, konjac et bien sûr le bol de riz chaud et celui de soupe miso … un festival pour les papilles et pour les yeux grâce à l’assortiment de petites soucoupes !
un petit déjeuner à la guesthouse Tamonkan : le bol de riz et la soupe miso arrivent …
Ce nom regroupe les 6 préfectures du nord de Honshu, la plus grande île du Japon. Au nord de Tokyo, cette région est généralement associée à l’idée de Japon rural, un Japon ‘de l’intérieur’ moins atteint par l’hyper-modernité des mégapoles Tôkyô, Osaka qui ont aussi gardé leurs petits quartiers anciens.
après un changement très fluide à Tokyo, grâce à une signalétique claire, le shinkansen Hayabusa (= ‘faucon’) ultra-confortable va avaler les 730 km en 3h20mn et c’est l’arrivée dans la neige à Aomori tout au nord.
Capitale d’une région bien connue pour ses pommes et surtout sa fête des nebuta (chars lumineux) au mois d’août, qui attire des millions de gens chaque année. Les meilleurs chars sont exposés tout illuminés au Musée des Nebuta, spectaculaire pour son architecture et pour ses chars gigantesques.
Aomori et le musée des Nebuta (arch. Molo & La Rivière)
musée d’art d’Aomori et ses arbres emballés
exposition Y.Nara et ses petites filles au visage dérangeant
daibutsu, le grand Bouddha d’Aomori
position des mains du Bouddha (mudra de méditation ?)
Dans le train matinal pour Akita, en compagnie des jeunes en route pour le lycée, embrumés mais bien rangés et polarisés par leur smartphone comme tous les jeunes du monde …
Pendant ma halte à Hirosaki, jolie petite ville traditionnelle, je me suis promenée dans le parc enneigé du Château avec pour seule compagnie des employés qui déneigent, des soldats qui créent des toboggans en neige et des écoliers qui construisent des sculptures en neige pour la future fête de l’hiver et des pommes.
le chateau d’Hirosaki
les militaires créént un toboggan
boîte-cadeau de biscuits à la pomme (délicieux)
Le réseau ferroviaire japonais est très développé, shinkansen ou trains locaux, et la population lui voue un vrai culte et l’utilisant fréquemment pour ses déplacements. Chaque région propose à la vente en gare ses spécialités gastronomiques sous forme d’ ekiben (bento de la gare, eki) et des friandises joliment présentées à rapporter à chaque voyage. La gare est le centre névralgique de toute ville desservie, avec souvent un office du tourisme où le personnel se fait un plaisir de vous aider au mieux avec brochures et cartes et un peu d’anglais .
Namahage (‘Père Fouettard’) et chien Akita en peluche à la gare d’Akita
< la boutique d’ekiben ne désemplit pas
la St Valentin approche …
A ce titre, la gare d’Akita est un office du tourisme en elle-même !
Le Musée d’art d’Akita est remarquable pour son architecture minimaliste du grand Tadao Ando : une pièce d’eau, signature de l’architecte, offre un moment de calme devant la neige qui tombe au client du petit café.
un escalier en béton sans aucune attache …
L’autre intérêt de ce musée est la fresque monumentale peinte par Foujita en 1937, intitulée Evénements d’Akita … sur 20m de largeur, l’artiste a représenté les activités quotidiennes hivernales et les fêtes d’été dans un style coloré et vivant.
A suivre, Tsuru no yu onsen, LE onsen en pleine neige !
A Kakunodate, à l’est d’Akita, petite ville connue pour ses anciennes maisons de samouraï, l’hotel Folkloro (!) coche toutes les cases : mitoyen de la gare, modernisé tout en restant une petite structure et un personnel très aimable et professionnel. Grâce à eux, j’ai pu aller dans mon tout premier onsen qui valait bien les 3h de trajet (shinkansen, bus, navette) aller-retour !
L’eau thermale à l’odeur très soufrée sort de la montagne à 42°, ce qui ne permet pas de rester très longtemps dans le bain … mais dans un tel cadre, c’était un moment inoubliable …
En ce début d’année où l’horreur des guerres et des répressions est sans limites, et où l’inquiétude sur l’état de notre planète grandit, la beauté et l’art sont de rares refuges …