Jan 11 2021
Enfance d’une passion (neige)
“Royaume candide, précaire, éternel, ô neige ! tu fais de l’homme un enfant gai, appliqué à sa consciencieuse oisiveté sportive (…) Ils partent, leurs longues ailes de bois effilé liées sur une épaule et le double bâton dans la main. Ils sont sages et graves comme s’ils avaient tous dix ans (…)
… “La nuit, ils dorment d’un long sommeil d’enfants et leurs songes eux-mêmes ne te trahissent pas. Ils te voient en rêve et, mieux que pendant la veille, ils volent. Par leur fenêtre grande ouverte ton silence entre librement, et rien ne bouge dans ton empire inaccessible au vent, sinon le feu palpitant des étoiles. Ils dorment, oubliant pour quelques heures la passion qu’ils te vouent, et c’est toi quelquefois qui, jalouse de les rejoindre, descends effeuillée, tournoies indécise autour de leur repos, et verses à leur chevet un fondant hommage de flocons, une brassée de plumes, de fleurs, de joyaux immaculés que dissout, comme l’apport d’un songe, la première atteinte du jour. “
Colette – Le Voyage Egoïste
merci Robert Doisneau, pour cette illustration d’une passion ancrée dans notre enfance !