Jan 13 2023

Fabienne Verdier 2/ le corps-pinceau

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Calligraphie chinoise

“un chinois qui s’apprête à écrire est persuadé qu’au moment où son pinceau fait naître sur la feuille fût-ce le plus simple des idéogrammes, le souffle qui le traverse et se matérialise grâce à son bras (…) est le même que le souffle primordial et universel par qui naissent, éclosent et vivent tous les êtres sur terre. ” François Cheng, cité par CJD Javary, dans sa préface à L’unique trait de pinceaum oeuvres de Fabienne Verdier

“(…) qui pratique la danse avec son ombre, les lentes volutes des mouvements du Tai Ji Quan ou les circulations internes du Qi Qong, ressent intérieurement ce que calligraphier peut signifier lorsque le corps se fait pinceau et l’espace feuille (…)

“Malheureusement, en nommant calligraphie cet art grandiose enraciné dans une foi animiste sans équivalent dans aucune autre civilisation, les Occidentaux ont créé les conditions d’un malentendu fâcheux. Kalos graphos, la ‘belle écriture’, désigne en Europe un modeste art décoratif caractérisé “par une écriture soit stylisée … soit enjolivée de paraphes ou d’ornements superfétatoires “ JF Billeter, l’Art chinois de l’écriture

“Aucun chinois ne reconnaîtrait dans ce nom ce qu’ils nomment simplement shu (écrire), tant calligraphier représente à leurs yeux la quintessence du raffinement culturel et de l’expression individuelle. Il faut remonter 35 siècles en arrière, à la genèse des idéogrammes, pour comprendre comment le chinois peut être la seule langue dans laquelle le même mot wen signifie à la fois écriture, raffinement et civilisation“.

(…) Une calligraphie est réussie ou elle est bonne à brûler, on ne peut pas la reprendre … dès qu’elle atteint le papier, la moindre goutte y laisse instantanément une marque définitive. (…) le pinceau chinois est un pur-sang qui ne se laisse maîtriser que par un long apprentissage …

(…) Si le fait qu’il (le style en ‘herbe folle’) soit illisible ne produit aucun obstacle au plaisir qu’on retire à le contempler, c’est sans doute parce que le niveau où il nous touche s’enracine bien au-delà d’une lecture ou d’un contenu.”

CJD Javary, préface à L’unique trait de pinceau (oeuvres de F. Verdier), 2001

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